Opéra de Francis Poulenc
Dialogues des Carmélites
Avec le soutien du Conseil Départemental de Savoie, de la Ville de Chambéry, de la Spedidam et de la Maif
DISTRIBUTION 2018
Annie TASSET
Odile BELLIER-MALVEZIN
Phllippe ANDRIEUX
Damien TRESANINI
Marcos Garcìa Gutièrrez
Charlotte Plasse ou Armelle Marq (en alternance)
Pier-Yves Tétu
Marie-Hélène Ruscher
Mathilde Monfray
Mathilde Nicolaus
Virginie Kraif / Véronique Pain
Daniel Robart
Jean-Raphaël Lavandier
Jean-Pierre Bavut / Denis Gruffaz
Frédéric Bayle / Damien Tresanini
Jean-Pierre Bavut, Jean-Raphaël Lavandier
Michel Roux
Direction musicale et Mise en scène
Piano
Lumières
Assistant à la mise en scène
Le Marquis de la Force
Blanche de la Force
Le Chevalier de la Force
Madame de Croissy, Prieure du Carmel
Madame Lidoine, Nouvelle Prieure
Mère Marie de l’Incarnation
Soeur Constance
L’Aumônier
Le Geôlier / Thierry
Les Commissaires / Officiers
Le docteur Javelinot
Préparation des choeurs
Réalisation vidéo
L’histoire vraie des Carmélites de Compiègne, guillotinées le 17 juillet 1794, quelques jours avant la chute de Robespierre et la fin de la Terreur, simplement parce qu’elles ne partageaient pas les idées des révolutionnaires et avaient fait le choix de la fidélité à leurs voeux jusqu’à la mort.
Jouer cette oeuvre majeure dans des lieux patrimoniaux chargés d’histoire en renforce l’impact dramatique et la proximité avec le public.
Ces textes limpides et poignants, cette musique bouleversante sont un acte de foi en la tolérance, un hymne au respect de la pensée et de la croyance de chaque être humain.
Une méditation sur la peur, sur nos peurs. Peur du monde, peur de l’autre, peur de la mort. A l’opposé de la pesanteur un chemin vers le calme, la confiance, l’expérience mystique : la Grâce.
Annie Tasset
Les Carmélites :
Mady Berland, Karine Besnier, Sabrina Bordet, Faustine Egiziano, Christelle Enndevell, Blandine Gaud, Giulia Lodato, Anke Maenner,Danièle Mandel, Aurore Perret, Véronique Repplinger, Guillemette Rigaux, Alizée Tournadre
La Foule :
Choristes de Pont de Beauvoisin et de l’Ensemble Vocal Muances
Julien Guerraz : Je vous remercie, Annie Tasset et Aymard le Forestier de Quillien, d'avoir répondu à mon invitation. J'ai voulu organiser cette rencontre quand je me suis aperçu que vous aviez quelque chose en commun : vous vous intéressez tous les deux à l'opéra de Francis Poulenc Dialogues des Carmélites. Vous, Annie, en tant que metteur en scène, et vous, Aymard, d'un point de vue pictural. Commençons par vous, Annie Tasset. Je crois que vous préparez actuellement plusieurs représentations de cet opéra.
Annie Tasset : J'ai déjà monté plusieurs fois les Dialogues des Carmélites et je suis actuellement à la recherche de financements pour de nouvelles représentations en Savoie. Mon ambition n'est pas de les jouer dans un grand théâtre mais plutôt dans des lieux atypiques : abbayes, églises... Nous les avons par exemple joués à la Grange Batelière à Hautecombe ou dans la Grande Chartreuse. J'espère pouvoir les jouer cette année dans trois lieux : la cour du Palais de justice de Chambéry, la cathédrale de Saint Jean de Maurienne et l'église des Carmes à Le-Pont-de-Beauvoisin. Concernant ces spectacles, je suis metteur en scène mais je m'occupe aussi de leur financement, même si ce financement est de plus en plus difficile à trouver.
Aymard le Forestier de Quillien : Pourquoi les Dialogues des Carmélites ?
AT : Parce que j'adore cette œuvre. J'aime d'abord le propos qui n'est pour moi pas uniquement religieux mais qui va bien au delà. Parmi mes chanteurs et toute mon équipe, je ne sais d'ailleurs pas qui est croyant et qui ne l'est pas. C'est une oeuvre sur la tolérance, sur la peur, la peur de la mort, la peur de l'autre, la peur de soi-même... La Révolution et le paroxysme de la Terreur en sont la toile de fond...
AL : Je crois qu'elles étaient 16.
AT : Oui. Elles sont allées à la guillotine dans les derniers jours de la Terreur mais l'une d'elle a survécu, c'est d'ailleurs pour cela qu'on connaît l'histoire. Je parlais de tolérance : ces carmélites ont été expulsées de leur bâtiment, elles ont dû s'habiller en civil, donc perdre les symboles qui les représentaient, leur identité, leur appartenance à un groupe de pensée, de croyance. Elles ont alors été dénoncées, n'ont quasiment pas eu de procès et on été envoyées à la guillotine.
AL : En chantant...
AT : En chantant ce final qui est magnifique. Et ma pianiste, qui adore Poulenc, et moi-même sommes à chaque fois bouleversées par ce final, par ces coups de guillotine et ces voix qui s'éteignent les unes après les autres. Il faut préciser que nous faisons une version des Dialogues des Carmélites au piano.
AL : C'est celle que j'ai entendu. L'une des premières choses que je puis dire, c'est que j'ai fait très vite le lien avec ce qui est arrivé aux moines de Tibhirine, que j'ai moi-même illustré par une grande toile il y a à peu près cinq ans. On retrouve dans ces deux histoires l'idée du sacrifice, de rendre sacré quelque chose qui peut apparaître comme très négatif... C'est d'ailleurs le vrai sens du terme « sacrifice » : rendre sacré.
AT : J'ai fait aussi le lien avec Tibhirine dans mon explication de la mise en scène aux chanteurs. Il y a cette interrogation : qu'est-ce que je fais ? Est-ce que je reste, est-ce que je pars ? Qu'est-ce que je fais de ma vie ? Avec cette novice qui s'enfuit et qui revient de sa propre volonté...
Mais pour parler de vous, Aymard, j'ai visionné sur votre site votre tableau intitulé « Dialogue des carmélites »...
AL : Le tableau que j'ai peint sur le thème des Dialogues des Carmélites date de 2015. J'avais entendu l'opéra à l'église de Challes les Eaux...
AT : C'est notre production !
AL : Je faisais partie de l'association Art et Parole...
AT : Je connais bien Art et Parole. C'est étonnant que vous ayez justement peint cette toile sur les Dialogues des Carmélites après avoir vu un de nos spectacles.
AL : Et j'ai bien-sûr été très frappé par cette œuvre. J'avais déjà eu connaissance de ce fait historique mais je ne l'avais jamais vécu à travers l'opéra de Francis Poulenc.
AT : On peut dire que c'est l'oeuvre majeure de Poulenc, même s'il a beaucoup écrit. Il a eu la révélation de la foi à Rocamadour et, par ailleurs, un ami qui lui était très cher a eu un accident de voiture dans lequel il a été décapité. Ces deux faits ont certainement contribué à l'attraction que le thème des Dialogues des Carmélites a exercé sur lui. Pour Bernanos, qui a écrit le texte, c'est un autre rapport à la religion, qui est un thème constant dans son oeuvre. Ce texte a aussi donné lieu à un film sorti pratiquement en même temps que l'opéra de Poulenc, un film en noir et blanc dans lequel jouent Jeanne Moreau, Alida Valli...
AL : Au delà du fait religieux, je trouve que cet opéra parle vraiment de l'humain, s'enracine dans l'humain.
AT : Tout à fait. Et d'ailleurs, chaque fois que j'ai monté ce spectacle, j'ai emmené les jeunes femmes qui jouaient les rôles des carmélites dans un des Carmels, et aussi les solistes masculins ainsi que mes assistants et Odile la pianiste. Au Carmel de Chambéry, nous avons rencontré soeur Bernadette, qui nous a accueillis magnifiquement, qui a elle-même eu une autre vie avant son entrée au Carmel, ce qui a ajouté à la force de cette rencontre. Nous sommes aussi allés au Carmel du Reposoir, au dessus d'Annecy. Chaque fois c'est une rencontre qui bouleverse les jeunes femmes qui jouent le spectacle. Ces jeunes femmes sont d'ailleurs très conscientes du sens de ce qu'elles font.
Je crois que l'histoire des Dialogues des Carmélites dépasse complètement le fait de croire ou de ne pas croire en Dieu. On touche à des choses qui sont générées par l'humain mais qui le dépassent complètement. Le doute, la peur de l'autre dont on parle beaucoup aujourd'hui, la peur de soi, de la mort. Les femmes dans cette œuvre vont au bout d'elles-mêmes.
Mais vous-même, Aymard, êtes-vous croyant ?
AL : Hormis la toile sur les moines de Tibhirine dont j'ai déjà parlé, j'ai peint plusieurs toiles en rapport direct avec la religion, avec des titres comme La nouvelle Jérusalem ou Le feu de l'Amour.
Ma foi est liée à une histoire personnelle. Et lorsque j'avais exposé avec Art et parole, j'avais marqué à propos de mes peintures : « Ce n'est pas une loi c'est une personne ». Pour moi être chrétien c'est être lié à une personne, Jésus, plus qu'à une institution.
Personnellement, je témoigne. Quand je peins je vis et quand je vis je peins. Il y a une relation entre le monde dans lequel je suis, avec son histoire, ses étapes, et la création qui m'est nécessaire.
Conversation autour des Dialogues des Carmélites
Annie Tasset est chanteuse lyrique, metteur en scène, créatrice de spectacles musicaux. Poursuivant une double carrière d’interprète et de créatrice de spectacles, elle est aujourd’hui la directrice artistique de l’Atelier Lyrique Compagnie Annie Tasset.
Aymard le Forestier de Quillien est artiste peintre et vit en Savoie près de Chambéry. Il a récemment exposé au Purgatoire, à Paris (Octobre 2017), ainsi qu'à l'Espace Commines, à Paris (Juin 2018), pour l'exposition « Intersection ».
Le site internet d'Aymard le Forestier de Quillien : www.aymardleforestierdequillien.net